• Promenade favergeoise (BM 2011)

    San Broutouloumiâ
     
    Histoire de Faverges de la Tour (suite…)
     
    C’est en Février 1790... que les trois communes  de Faverges, Corbelin et Veyrins devinrent indépendantes les unes des autres. Mais cette séparation ne fut pas sans heurt, tandis que Corbelin demandait le maintien de la situation de l’ancien régime (une seule communauté sous l’autorité du marquis de Faverges), les deux autres réclamaient la séparation en se fondant sur leur nombreuse population, l’étendue de leur territoire, l’importance des impôts payés à l’état, mais surtout pour des raisons d’intérêt et d’antipathie. Ce qui fut accordé.
    Pourtant en 1829 la querelle ressurgira. En effet, l’importante population de Faverges (1250 habitants), en période de disette, entraînera une tentative de récupération du Grand Marais de Corbelin…sans succès.
    (à suivre…)
    Chapitre II
     
    Promenade Favergeoise…
     
    …Nous quittons Le Glaude* avec nostalgie, les yeux encore remplis d’images du passé. La route qui nous ramène à Faverges serpente dans les « «gorges du merle », où chaque lieu, chaque monument fait désormais ressurgir des anecdotes du passé.
    « Tiens le lavoir de l’Aquatière ! Il a été construit en 1908 par décision du Conseil Municipal à l’époque où l’eau est arrivée au village. Cette même année ont vu le jour ceux du champ de Mars, de Châteauvieux, du Peyronnet, des Bruyères et du Pissoud. En 1929, ce fut celui de Chatanay  puis en 1937 celui de Palivoux.
    C’était hier…c’était il y a seulement 73 ans ! Pour les ménagères d’hier une révolution, pour celles d’aujourd’hui une pensée en appuyant sur le bouton de la machine à laver. »
    A l’époque, outre le côté « pratique », il s’agissait de lieu de discussion, d’échanges de nouvelles. Mais il fallait quand même aller au lavoir par tous les temps.
    Allez, encore quelques années en arrière, 1931, un certain Monsieur Saint Olive était maire. A l’époque on parlait d’une éventuelle agence postale… « Pensez-donc, 6 abonnés téléphoniques et 30 appels par jour ! ».C’est cette année là, qu’elle fut construite !
    Mais le progrès ne s’arrête pas là : cette même année, 17 lampes électriques illuminaient les rues de la commune, des plaques indicatrices étaient posées à la sortie des écoles pour éviter les accidents et Faverges allait devenir Faverges de la Tour pour mettre un terme aux confusions avec le village de Haute Savoie et celui de Mépieu….
    Remontons par le chemin, qui part en face du lavoir, évitons celui qui s’enfonce dans les bois et qui si on en croit les lutins du lieu mènerait à un moulin abandonné. Mais pour le trouver, il ne faut pas hésiter à se mouiller les pieds…Non, aujourd’hui nous prendrons le chemin qui monte, il est raide mais c’est un effort qui en vaut la peine. Loin de l’agitation, le calme ambiant est propice à un retour dans le passé tumultueux du milieu du XXème siècle. On se souvient de l’histoire de « Monsieur du Varvotier » dit aussi « Monsieur de La Ranche » chef du maquis de l’Ardèche qui cachait dans sa maison du Varvotier des armes et des documents. Il avait faillit être pris mais, déguisé, avait réussi à quitter les lieux avant l’arrivée des soldats allemands. Période trouble de notre histoire qui n’a épargné aucune ville, aucun village…
     
    On connait les lavoirs, mais qui se souvient du « bélier » qui amenait l’eau aux hauts quartiers du village. Il était alimenté par l’eau venue des sources des Bruyères, et devait être régulièrement « visité » depuis 1908 qu’il pompait sans relâche ce précieux liquide. Souvent insuffisant pour alimenter les fermes le mince filet d’eau à parfois même tarit…En 1956 il était encore en action bien que fatigué par tant d’annéesde labeur.
    Prenons en direction du village, on passe devant la Grande Usine. Implantée en 1913, elle apporte du travail à la population, des ressources au village. Rachetée par la société FRANTISSOR en 1954, elle produisait encore 1million de mètres linéaires de tissu par mois en 1990 ! Elle fermera définitivement ses portes.
    Ça y est nous arrivons dans le village…
    1956, les registres mentionnent l’installation des VILLET dans l’épicerie-tabac-café du village. D’ailleurs, écoutez cette petite anecdote : « à l’époque, l’épicerie était dans les locaux actuels de la boulangerie et la boulangerie était dans les locaux de l’épicerie actuel…bref les VILLET s’installèrent comme épiciers mais dans les locaux de la boulangerie ! Vous m’avez suivi ? »
    Oui ? Alors continuons notre promenade,et faisons un petit détour par Closel et Claritière.
    Sentez-vous cette odeur ? Elle est unique, elle remplie l’air, elle est envoutante…c’est l’alambic de Gaby Tripier qui fait halte au lavoir en face de la ferme Morel. Restons discuter avec le groupe de personnes présentes. Chacun ayant apporté ses fruits pour obtenir de la gnôle, boisson des évènements, des soirées entre amis comme celle du mondage des noix. Moments de convivialités, d’entraides. Les cœurs étaient chauds, on chantait, on racontait des histoires. 1956…32 ans que cet alambic distille sa « blanche », on a beau dire, à l’époque le matériel était fait pour durer… !
    Ces petites histoires font sourire aujourd’hui, mais imaginez vous à cette époque !
    Celle où l’on s’éclairait à la bougie, où les routes n’étaient pas goudronnées, où les hivers apportaient leurs lots de neiges, et autres intempéries à affronter. Celle où les campagnes résonnaient du son de l’enclume du maréchal-ferrant, où les cafés résonnaient du rire et des discussions, mais aussi celle de la foire aux melons. Cette dernière était dit-on la plus grande de la région après celle de Beaucroissant et la tradition voulait qu’on ne reparte pas sans son melon. Organisée le jour de la St Barthélémy elle s’étalait sur tout le champ de Mars (la mairie actuelle datant de 1976 et l’école de 1871 n’était pas encore construites) et elle était le lieu de rencontre de tous les pèlerins venus vénérer les reliques du Saint Patron. En déclin à partir du milieu du 20ème siècle, elle ne fut plus qu’un gros marché avant de revivre une deuxième fois en 1987 et de disparaître définitivement environ 6 ans plus tard.
    Nous terminons notre promenade dans le centre village, petit regard aux écoles qui ont subide grands remaniements entre 1992 et 1994 pour mieux accueillir les enfants toujours plus nombreux à Faverges. Puis on descend le long des platanes On arrive enfin à la mairie actuelle (l’ancienne se tenait en place de l’agence postale-bibliothèque) construite en 1976 sur le champ de Mars qui autrefois était agrémenté de nombreux platanes dont l’ombre était appréciée des marchands, des chalands et plus récemment des boulistes et autres passants qui recherchent un peu de fraîcheur.
    Voila, notre promenade s’arrête ici pour cette année, nous espérons qu’elle vous a plu. Le voyage fut bref mais intense en souvenirs. Tout ne peut être raconté en si peu de lignes, il faut faire des choix, aller à l’essentiel sans déformer le passé, et espérer laisser une infime trace dans les mémoires.
    (*cf. Bulletin précédent)

Encore plus d'articles...